De l'Utilisation de Logiciels Propriétaires dans l'Enseigne- ment Public L'étudiant de l'UTBM, au cours de sa scolarité, est amené à utiliser dans le cadre de ses cours essentiellement des logiciels proriétaires, au département Génie Informa- tique mais aussi dès le Tronc Commun. Nous pensons, pour les raisons qui suivent, que ce recours quasi-systématique au logiciel propriétaire ne correspond pas à la mission d'en- seignement public de l'UTBM et est en outre néfaste aux étudiants. Les choix logiciels dans l'enseignement sont souvent motivés par la facilité : des logiciels considérés comme bien connus, parfois élevés au rang de standard industriel, sont imposés aux étudiants sans justification technique ou pédagogique réelle. En dehors de ce que ces choix coûtent financièrement à l'UTBM, force est de constater qu'ils sont généralement peu adaptés à l'enseignement : les étudiants peuvent difficilement utiliser un logiciel ou accéder à sa documentation en dehors de l'école pour des problèmes de li- cence, sans parler d'autres restrictions telles que la li- mitation du nombre d'utilisateurs simultanés à l'école. Il est de plus important pour un futur ingénieur d'avoir une « culture » des outils disponibles lui permettant d'avoir une approche critique sur les choix techniques en compre- nant et maîtrisant les raisons qui l'ont motivé. Dans le cas contraire, l'étudiant aura tendance à reproduire ce choix soit parce qu'il est habitué à l'outil, soit parfois malheu- reusement parce qu'il n'y connait pas d'alternative. Au fi- nal, on constate que l'enseignement public contribue à une promotion au service d'entreprises privées, perpétuant ainsi ces fameux « standards de l'industrie ». Il paraît clair que l'utilisation de logiciels libres, c'est-à-dire librement accessibles avec leur code source, redistribuables et modifiables, est plus en adéquation avec la mission de l'enseignement public : leur principale raison d'être est une volonté de partage de la connaissance et des outils, ce qui correspond à une des valeurs de l'enseigne- ment public. Notamment, la possibilité de pouvoir étudier le code source des outils disponibles, dans le but honorable de mieux comprendre, peut s'avérer intéressante pour des étu- diants en informatique. Leur utilisation mettrait un terme aux restrictions précédemment évoquées et à cette publici- té indirecte à laquelle participe actuellement notre école qui ne fait qu'entretenir le monopole des logiciels proprié- taires et la dépendance des utilisateurs vis-à-vis desdits logiciels. Aujourd'hui, rares sont les applications pour les- quelles aucun logiciel libre n'existe, du serveur web aux outils de production de documents, en passant par les com- pilateurs et les bases de données. De plus, les logiciels libres sont dans bien des cas au moins d'aussi bonne qualité que les logiciels propriétaires, voire de meilleure qualité, notamment dans le domaine des outils de développement. La recherche d'un logiciel pour un cours donné permettrait même aux étudiants de s'ouvrir aux différentes solutions dis- ponibles et de choisir selon des critères réellement tech- niques. Enfin, ajoutons que certains lycées ont déjà adopté les logiciels libres pour pouvoir « reprendre le contrôle » de leurs systèmes d'information, et que beaucoup d'univer- sités ou écoles, parfois même privées, sont déjà reconnues pour leur contribution à des projets logiciels libres. Nous espérons ainsi sensibiliser étudiants et profes- seurs à l'existence de cette solution alternative et leur proposons de faire en sorte de choisir, ensemble, pour chaque unité de valeur, une solution logicielle libre adap- tée à leurs besoins. Adrien Anselme, Alexandre Belloni, Ludovic Courtès, Zoé Drey, Eric Hoffmann, Ségolène Métais, Thomas Petazzoni, Sébastien Pierre.